mercredi 22 avril 2009

Fin de l'aventure aux Galapagos

Comment mieux achever le turtle tour que de rendre visite aux grandes copines geantes des Galapagos ?

On ne pouvait vraiment pas faire mieux, il ne doit plus rester beaucoup d'endroits aussi magiques dans le monde.

Pour la mise en bouche, nous avons commence par deux jours de plongee. Gordon Rock et Seymour Norte. Incroyable, bancs de requins marteaux, raies aigles, mantas et le clou du spectacle, les lobos marinos ou sea lions (on ne sait toujours pas la traduction en francais).

Pour la suite, une petite croisiere de 8 jours sur un superbe catamaran. L'equipage et les autres passagers sont super. Nous passons notre dernier semaine hors du temps sur un petit nuage. La vie sauvage est extraordinaire. Nous pouvons approcher les animaux de tres pres sans les effrayer. Chaque ile est differente, nous decouvrons de nouveaux animaux et de nouvelles plantes a chaque escale. Le snorkelling n'a rien a envier aux excursions terrestres. Pingouins, lobos marinos, requins, raies... Nager avec les pingouins et les lobos marinos restera un souvenir imperissable.



Nous naviguons de nuit entre les iles et profitons de ces instants pour nous extasier devant les etoiles avec le capitaine (au passage, ca tangue moins sur le pont que dans la cabine a l'avant de la coque droite du catamaran). Une petite derniere fois et nous disons au revoir au ciel de l'hemisphere sud.

La suite se passe de commentaires.








samedi 11 avril 2009

Mitad del Mundo

Nous sommes arrives a Quito un dimanche sous la pluie, et bien ca n'aide pas a apprecier la ville. Suivant les conseils de l'office du tourisme de l'aeroport, nous partons pour le quartier de Mariscal, autrement appele "Gringolandia" par les locaux. La ville est deserte, hormis 2-3 types louches qui trainent dans la rue. Nous y passons deux jours, sans grande excitation bien que le centre historique soit sympa.

Nous prenons la route du nord, pour Otavalo et son fameux marche du samedi, sauf que nous sommes mercredi! En semaine c'est donc une petite bourgade bien tranquille ou nous nous impregnons de ces premiers jours en Equateur. Les costumes traditionnels sont superbes, tres differents du reste des pays andins que nous avons traverses.

Nous repartons ensuite vers le sud, pour Latacunga, point de depart pour la boucle de Quilotoa. C'est un des derniers endroits typiquement andin sur la cordillere. Nous passons quelques jours dans un lodge ecologique, quelle joie de se retrouver au grand air!

Nous visitons les marches andins riches en couleurs, marchons depuis le cratere de Quilotoa jusqu'a Chugchilan en passant par le canyon, passons une journee a cheval sur les hauteurs de la foret de nuages en nous arretant dans une fabrique de fromage a "technologie suisse". Nous etions sceptiques, mais c'est sans doute le meilleur fromage que nous ayons mange depuis notre depart il y a presque 1 an! (le gruyere amene par Clementine en Thailande est hors concours bien-sur).

Une eclaircie le dernier jour nous a enfin devoile le volcan Cotopaxi. Avant on ne se rendait meme pas compte que nous etions dans une region volcanique. Le long de la cordillere, les paysages sont tres differents, surtout plus exploites, plus habites et plus urbanises qu'au Perou et en Bolivie. En plus la campagne electorale bat son plein, il y a de l'agitation et de la propagande partout.

Toujours vers le sud, nous partons pour Puyo via Banos. Nous avons rendez-vous avec notre copain de la montagne noire la-bas. Nous nous retrouvons chez Philippe, ami d'enfance de papa Jacques. Philippe nous accueille tres chaleureusement et nous met en contact avec Patrizio, guide local qui nous organise une expedition dans la foret amazonienne.

Nous partons tous les trois, accompagnes de notre guide et de deux allemands, pour une communaute Huaorani le long du rio Nushino, affluent du Napo, lui-meme affluent de l'Amazone. Apres une eprouvante journee de voyage en bus puis en pirogue, nous debarquons au village. L'arrivee d'une pirogue constitue l'evenement de la journee, voire de la semaine. Alertes par le bruit du moteur, tout le village est la pour nous accueillir. La communaute est constituee de quatre familles, il y a une douzaine d'enfants tres curieux. Pour eux c'est un peu la fete, ils n'ont de visites que trois fois par an. Nous installons les tentes dans l'ecole (c'est un week-end prolonge) et passons trois jours la a jouer avec les enfants, nous entrainer a la sarbacane (et pour certains a fabriquer sa propre sarbacane!), marcher dans la jungle, pecher le piranha, fabriquer du curare et des fleches de sarbacane. Nous vivons au rythme du village.
Apres ces jours inoubliables dans cette communaute coupee du monde, nous sommes tout de meme contents de retrouver une bonne douche et un lit! Il fallait bien rentrer, nous avons une journee de voyage jusqu'a Guayaquil avant de prendre notre vol pour les Galapagos.

lundi 23 mars 2009

Retour au Pacifique


Une nuit de bus, et nous voila redescendus au niveau de la mer, en plein desert. Pas pour longtemps, aussitot arrives, aussitot embarques dans un petit avion a helice. Seul moyen de veritablement apprecier ces figures magiques. Encore un grand mystere de l'humanite, personne ne peut reellement expliquer ce que representent ces lignes parfaites : calendrier astronomique, cultes religieux, extra-terrestres...?

C'est parti pour 35 min de vol au dessus des lignes de Nazca. Non non non, ce n'est pas un petit vol tranquille. Un virage a gauche pour les passagers bien appuye a gauche et un autre encore plus prononce a droite pour les passagers de droite. Bon Jerome a de la chance, il a la place du co-pilote.

Apres avoir vu, entre autres, la baleine, le cosmonaute, le singe, le chien, l'araignee, le colibri, le condor, l'arbre et les mains, nous prenons le chemin du retour. Le pilote etant sympa commence a faire une ou deux petites acrobaties. Nous sommes ravis. No, no, no, crie l'anglaise qui est avec nous. Elle est vraiment pas drole celle la....



Nous reprenons la route en direction de Lima et faisons etape a Paracas apres une visite eclair a Pisco, ville sans interet et tres bruyante. Pour je ne sais quelle raison, nous voulions absolument aller a Pisco. A la station de bus de Paracas, Jerome a saoule le chauffeur du bus pour qu'il nous depose au bord de la panamericaine a 27km de la et d'ou partent des minibus pour Pisco. Arrives a Pisco, le fiasco, c'est moche et il y a 45 personnes qui nous sautent dessus et nous harcelent. Il ne doit pas souvent y avoir de touristes par la. Illico, on prend un taxi, retour a la case depart, Paracas.

A cote de Pisco, Paracas nous semble etre un petit paradis. C'est tout petit et bien tranquille avec sa plage a pelicans et ses terrasses a ceviches au coucher du soleil.

Au loin les iles Ballestas, surnomees les Galapagos du pauvre. Elles meritent le detour. Quantite d'oiseaux, de lions de mer nous offrent un spectacle de toute beaute. Le tour est un peu court. Nous serions bien restes plus longtemps parmi les bebetes.

En bons amateurs de vin, nous nous dirigeons ensuite vers Lunahuana, le village viticole de la region. Nous nous rejouissions de pouvoir deguster les cepages locaux au milieu des vergers. Ben, comme Pisco, le fiasco! Le village a ete devaste il y a deux ans par un tremblement de terre, mais outre les batiment detruits, qui conferent a la ville un sentiment d'abandon, le vin n'y est vraiment pas bon (contrairement au pisco sour, que nous degustons sur la place pour nous consoler). Nous repartons pour Lima le lendemain matin aux aurores.
Sur le conseil de nos amis Limenos, nous choisissons le quartier de Miraflores pour poser nos bagages. C'est assez agreable et nous y passons 3 jours avant de prendre notre vol pour Quito.

Nous avons beaucoup marche dans differents quartiers de cette ville tentaculaire ou vivent 9 millions de personnes. Nous visitons encore des eglises et un monastere ou nous decouvrons les squelettes de 25'000 personnes dans les catacombes, bbrrrr.

Prochaine et ultime etape, l'Equateur.

samedi 7 mars 2009

Sur la route des Incas

Nous voila maintenant a Puno, au Perou. La ville n’a pas grand chose d’interessant si ce n’est un petit village d’iles flottantes du peuple Uros situe a quelques kilometres de la.

Il existe deux villages d'iles flottantes. Un tres proche de Puno, qui est le village touristique, et un autre plus loin qui n'accepte pas la visite des touristes. C'est donc dans le premier village, compose de 55 iles que nous nous rendons.

Nous sommes recu par le "chef" de l'ile qui nous donne une presentation detaillee sur la construction des iles faites main avec une sorte de roseau, la totora, et de leur mode de vie. Nous prenons un bateau lui aussi en totora. La construction d’un bateau prend environ 1 mois, mais malheureusement la totora s’abime vite et il y a de nos jours de moins en moins de bateaux de ce genre. Sachant que le peuple Uros vit exclusivement du tourisme, il est difficile de ne pas faire l'acquisition d'un objet artisanal dont on nous a fait l'article. C'etait un moment agreable, mais on avait un peu l'impression d'etre au zoo.

Apres cette courte etape, et pendant que nous sommes encore habitues a l’altitude, nous prenons la route pour Cusco, l’ancienne capitale Inca. Des notre arrivee, nous sommes veritablement eblouis par cette ville etonnament bien conservee. Les innombrables eglises et maisons coloniales construites avec pour fondations des murs Incas d’une superbe precision sont les beaux mais tristes temoignages de l’heritage colonial espagnol. Nous sommes sous le charme de cette ville ou nous passons plus de temps que prevu.

De Cusco, nous partons en train pour Aguas Calientes, point de depart pour le Machu Picchu. Nous y sommes parvenus sous une pluie fine avec une horde de touristes par bus au petit matin. Apres avoir vu les lieux et l’arrivee du chemin de l’Inca, nous regrettons de ne pas avoir effectue la randonnee mythique. Ca doit etre super impressionnant d’arriver par le haut et de decouvrir, apres 4 jours de marche, le site, la en entier sous ses yeux, avec en plus certainement l’impression de l’avoir merite.
Cet endroit est magique, on se croirait presque dans les nuages. Les ruines sont belles, mais c’est surtout l’emplacement qui les rend fabuleuses. Pour meriter un peu notre Machu Picchu, nous gravissons le Huayna Picchu, le rocher qui surplombe le site.

Pour ce qui est de l’architecture et des constructions Incas, les sites de Saqsaywaman, Pisac, et Ollantaytambo n’ont rien a envier au Machu Picchu. Ils sont meme a certains egards plus impressionnants. Des murs d’enceinte avec des pierres de plusieurs tonnes de plus de 2m de haut dont la taille elaboree semble avoir ete faite au laser nous laissent perplexes. Mais comment ont-ils pu realiser de pareilles constructions avec les moyens de l’epoque?

Outre les constructions de palais et de maisons, ce peuple maitrisait l’art de la culture en terrasse et de tout son systeme complexe d’irrigation. Les sites de Moray et de Tipon sont des exemples vivants de leur ingeniosite.

Mais Tipon est aussi la capitale du cuy, le cochon d’inde roti. Si il y a bien un endroit ou il faut gouter le cuy, c’est la. Il est prepare dans la plus pure tradition, c’est a dire eleve au grain, fourre au huacatay ( une herbe tres aromatisee dont le gout vous hante des heures durant) et roti au feu de bois. Il n’y a pas photo, ca ne vaut de loin pas un bon poulet roti.

Puis il nous faut malheureusement quitter Cuzco, nous prenons la route pour Arequipa et le canyon de Colca. Arequipa, surnommee la ville blanche en raison de la pierre volcanique blanche utilisee pour la construction de presque tous les batiments, se trouve au pied de trois volcans dont le plus proche est encore actif. Apres une journee de visite de la ville, de ses eglises et de son monastere, nous partons pour deux jours dans le canyon de Colca, dont l’attrait particulier est d’etre le deuxieme canyon le plus profond du monde et d’abriter ainsi une population d’une cinquantaine de condors.

Nous disons au-revoir aux vigognes, alpagas, viscaches, llareta et paysages andins pour redescendre au niveau de la mer.

Prochaine etape, les lignes de Nazca.

Le mois du Carnaval

De retour a la Paz, en plein carnaval, nous retrouvons avec plaisir les petits Bretons avec qui nous avions fait un bout de voyage auparavant. Nous decidons tous ensemble (nous avons un peu force Julie) de nous inscrire pour la descente de la route de la mort a velo. Pourtant c'est le reve de tous : environ 60 km a velo, mais de la descente uniquement! C'est en fait l'ancienne route qui relie La Paz a Coroico. Elle doit son surnom aux multiples accidents mortels qui s'y sont produits pendant des annees avant qu'une nouvelle route, qui suit un nouveau trace, ne soit construite.

Nous debutons la descente a environ 4800m d'altitude. Bien entendu, il pleut. Nous voila partis pour 4 heures de descente dont une premiere partie avec le trafic local sur la nouvelle route goudronnee. Apres environ 10 minutes, nous ne pouvons plus sentir nos mains completement gelees. La Julie est au bord de l'abandon, elle fait un peu la tete.

Apres cette mise en jambes, nous troquons le goudron pour le pierrier. Il n'y a quasiment plus de circulation, mais ce n'est pas plus facile, au contraire. Nous voila partis sur l'ancienne route de terre pour Coroico, les Bretons et Jerome devant, Julie cramponnee aux freins juste avant la voiture balai.

La route est belle et dangereuse, etroite et entouree de ravins vertigineux, dont certains atteignent les 1000m, on a du mal a imaginer comment les bus pouvaient y passer il y a encore quelques annees. Et quand on pense que certains l'utilisent encore pour economiser 7 km, on ne comprend pas. Partis de 4800m d'altitude pour arriver a 1200m, nous passons d'un decor montagneux a une vegetation tropicale luxuriante. La pluie n'a pas cesse durant toute la descente. Nous avons bien mange de la boue et sommes arrives trempes jusqu'a l'os a destination.

Ayant survecu a la route de la mort, nous decidons avec nos compagnons de voyage de poursuivre notre route en direction de Copacabana, sur le lac Titicaca et non au Bresil, pour nous rendre sur l'Isla del Sol, un haut lieu de la culture Inca. A Copacabana, c'est encore et toujours le carnaval. Le carnaval en Bolivie c'est une institution. Il dure au minimum 1 mois. L'alcool y coule a flot, les fanfares jouent a tue-tete sur des rythmes effrennes et les danseuses tournent et tournent toute la journee et une bonne partie de la nuit, heure tardive ou elles ramenent leurs maris bien imbibes a la maison sans oublier de faire des pauses pipi au beau milieu de la rue.

Pour feter notre carnaval, nous prenons le risque de manger notre premiere fondue depuis le debut du voyage. Verdict, pas mauvais, mais c'est pas une fondue!

Puis nous partons pour l'Isla del Sol que nous prenons le temps de visiter.

Nous arrivons au sud de l'ile dans le village de Yumani ou nous passons la nuit. le lendemain, nous cheminons sur la crete jusqu'a la pointe nord de l'ile ou se trouvent encore des vestiges Incas. Le plus impressionnant sur l'Ile, ce sont les cultures en terrasse. La quasi-totalite des collines a ete amenagee. On y cultive encore de nos jours, quinoa, patates, tomates, haricots... c'est un vrai jardin de cocagne. Au nord de l'ile comme au sud, c'est encore et toujours, vous l'avez devine, CARNAVAL! Il est difficile de trouver a manger car tout le monde est occupe a faire la fete.

Au petit matin, 9h00, apres un petit dejeuner vue sur le lac, nous empruntons le chemin de la cote pour retourner a la pointe sud de l'Ile afin de prendre le bateau qui nous ramenera a Copacabana ou nous passons nos derniers moment en Bolivie en compagnie de nos copains.

Prochaine etape, le Perou.

lundi 2 mars 2009

Les petites bebetes de Madidi



Apres tous ces efforts, Julie se dit que c'est le moment d'utiliser son bon d'anniversaire de ses copains Corinne et Patrick. Une nuit dans un palace, ou dans le cas precis quatre nuits dans la jungle. Mais pas a meme le sol sans moustiquaire, non non non, un sejour dans un eco-lodge au coeur du Parc National Madidi. La classe.

Nous prenons un vol de 45 min qui nous epargne les 20 heures de bus pour nous rendre a Rurrenabaque. Le vol en soi est deja assez spectaculaire, un tout petit avion de 20 places decolle de La Paz a 3660 m, passe entre les pics de la Cordillera Real (salut le Huyana Potosi, Julie aura quand meme vu le sommet ;-) survole la region fertile des Yungas pour atterrir sur une piste d'herbe au milieu de la foret amazonienne. Nous voila a 350 m d'altitude, dans une touffeur tropicale bien agreable apres les frimas de la Paz.

Le lendemain matin a 7h, nous sommes prets. Il pleut des cordes, on enfile les ponchos chinois et en route pour le fleuve en compagnie de notre guide Ricardo. C'est parti pour 6 h de navigation a contre-courant sur le Rio Beni, puis le Rio Tuichi, rivieres brunes qui serpentent au coeur de la foret pour se jeter plus loin dans l'Amazone. Nous entrons dans la Parc Madidi, 1.9 millions d'hectares de foret tropicale d'une exceptionnelle biodiversite. Nous sommes aux aguets, Jerome l'oeil affute apercoit un couple de toucans perche en haut d'un arbre. Nous commencons deja a nous faire piquer par des betes...


Une fois arrives a bon port, il nous faut encore marcher une demi-heure sur un sentier forestier ou l'on apercoit deja quantite d'insectes pour arriver enfin a Chalalan. Nous sommes au coeur de la foret, au bord d'un petit lac ou nagent quelques caimans apparemment innoffensifs. Les bungalows en bois construits par la communaute locale se fondent parfaitement dans le decor, d'immenses papillons aux couleurs electriques voletent, les singes nous observent, un vrai petit air de paradis. En plus nous sommes quasiment les seuls visiteurs, on a l'impression d'avoir le site pour nous.

Les journees se passent au rythme des ballades a pied sur les sentiers humides ou a la rame sur le lac immobile, a la recherche de vie sauvage, de jour comme de nuit. Le tout ponctue par de fabuleux repas et de reposantes siestes sous notre moustiquaire berces par le pouls de la jungle. Nous voyons des singes capucins, des singes araignees, des perroquets, des caimans, des fourmis de toutes les tailles, une enorme tarentule noire velue, un boa, des pecaris, des grenouilles et... beaucoup de moustiques.


C'est a contre coeur que nous quittons la foret pour retourner a La Paz soigner nos piqures.


Merci les copains!

lundi 23 février 2009

Soroche

Nous sommes arrives a La Paz entre deux averses. Quel spectacle impressionnant que cette ville de brique immense construite dans une cuvette ou les plus riches vivent au fond et les plus pauvres sur les hauteurs, la ou il fait encore plus froid. Nous sommes a 3660 m d'altitude, bien acclimates. La pluie devale les rues en pente raide et les centaines de minibus Dodge colores crachent un epais nuage bleu dans la montee. Jerome nous fait une allergie a la pollution, vite il veut respirer l'air pur des cimes de la Cordillera Real.

Apres deux jours a la Paz, nous partons a l'assaut du Huayna Potosi, 6088 m, en compagnie de Samuel, quebecois, et Stephan, allemand. Pourquoi Julie est-elle la seule fille? Elle commence deja a douter. Arrives au premier refuge a 4750 m, il fait un froid de canard et on n'y voit pas a 2 metres. Mais qu'est-ce qui nous a pris de venir ici pendant la saison des pluies?? L'apres-midi est consacre a l'entrainement sur le glacier avec tout l'equipement, crampons, piolet, etc. Mais rien que pendant la petite marche d'approche, on sent bien l'altitude. Julie est essoufflee tous les 3 metres et se sent tres tres faible (qui se traduit par "debil" en espagnol, elle aime bien dire au guide que la elle se sent un petit peu debile!). Pour les efforts sur le glacier, c'est la meme chose. Beaucoup plus difficile qu'en Argentine du fait de l'altitude. Nous sommes a 4850 m, plus haut que le Mont-Blanc (mais comment ca on n'a monte que 100 m depuis le refuge?! impossible) et notre coeur s'emballe a chaque coup de piolet. On experimente toutes les techniques de marche, en avant, en arriere, en canard, de cote, de l'autre cote, comment planter les crampons, bref, c'est technique. Et la nous ne sommes pas encore encordes. Julie doute de plus en plus.

Apres 2 h d'entrainement, nous sommes ravis de retourner au refuge pour un petit the de coca. On espere que ca va nous aider. Surtout Jerome qui a une angine et de la fievre. Apres un copieux repas, nous brulons tout le stock de bois amene de La Paz. Ca fait du bien une chaleur qui depasse les 5 degres. Quand il n'y a plus de bois, on file au lit tout habilles. Ca promet pour la nuit suivante a 5300 m.

Au reveil, il fait un temps splendide. Voila qui nous met en joie pour la premiere ascension qui n'est pas prevue avant le debut de l'apres-midi. En decouvrant enfin la montagne en question, Julie n'est pas trop sure d'y arriver et elle se demande encore pourquoi elle s'est embarquee dans cette aventure. C'est haut quand meme.

Apres le dejeuner, nous embarquons sacs et crampons, il pleut. On n'aurait pas pu partir le matin? En chemin nous voyons un magnifique condor planer en-dessous de nous. La montee est moins difficile que ce qu'on imaginait, mais on doit quand meme s'arreter assez regulierement pour respirer. Julie a grave la patate.
Nous arrivons en un peu plus de trois heures au camp de base. Programme : une soupe et au lit, a 18h. On doit se lever a minuit pour debuter l'ascension a 1h a la lampe frontale. Pas facile de dormir saucissonnes a six dans un bunker de 4m sur 4 a 5300 m. Julie a de plus en plus mal a la tete, qu'elle attribue au matelas dans un premier temps. A minuit, bip bip bip, c'est l'heure d'enfiler les crampons. Au moment du reveil, quand elle vomit pour la premiere fois, Julie se rend compte qu'elle souffre du mal de l'altitude, le soroche. Rien n'y fait, la montagne a gagne.

Jerome lui a bien la peche meme si il tousse toujours. Les trois mecs sont prets, oups, Jerome casse une laniere de ses crampons. Stephan et Samuel partent deja avec leur guide. Apres une reparation de fortune avec un lacet de Julie, Jerome est enfin pret pour attaquer la phase finale du Huayna-Potosi en compagnie de Benicio. Encordes, encrampones et sous une tempete de neige, c'est parti pour 5h d'escalade. Apres 2h d'ascension, ils ratrappent Stephan et Samuel.

C'etait une erreur, Jerome est deja bien fatigue. Le groupe de tete reprend la route tandis que Jerome reprend un peu des forces. C'est de plus en plus difficile. Un pas puis un autre puis encore un autre et le coeur se met a battre a 180, le souffle manque! Une petite pause avant d'escalader a nouveau et le meme rythme a nouveau. Un pas, un autre, et ... une petite pause. Jerome imagine que ca doit etre ca d'avoir 90 ans.

D'apres Benicio, nous devrions encore marche 40min a plat et ensuite attaquer la cumbre, le sommet. A ce moment, dans le tete de Jerome, mille idees s'entrechoquent. J'ai mal a la tete, c'est peut-etre le debut d'une rupture d'anevrisme, je n'arrive pas a respirer, c'est peut-etre un oeudeme pulmonaire ?... Benico, je n'ai plus d'energie, la coca que je mache depuis ce matin me seche la gorge. Je sais qu'en montagne, le sommet, c'est la moitie, il faut ensuite redescendre. Jerome, un poquito mas. Ok Benicio. Jerome passe devant et apres 1h00 de calvaire, trouve un n'ieme souffle qui lui permet d'atteindre la crete a 6088m. Il y deroule la banderole qu'il a passe 4 heures a coudre a La Paz. Il a failli y laisser un petit doigt qu'il ne fait pas bon de sortir sous ces temperatures de -20 degres ! Difficile de prendre des photos de ce spectacle incroyable mais les images resteront a jamais gravees dans sa memoire.
Pendant que Julie vomit sous la puree de pois, Les lumieres de La Paz font doucement place aux doux rayons du soleil. Il faut maintenant redescendre. C'est bien plus impressionnant qu'a la montee car la, on voit bien les precipices, les crevasses. On profite un peu de la descente pour prendre quelques photos et faire un peu de rappel. Ca, Jerome aime bien meme si il est lessive. Arrivee au camp de base, la petite troupe recupere Julie pour entamer la descente finale.
Julie se sent tout de suite mieux lorsque on arrive a 4750m.

Tout est bien qui finit bien.

Apres toutes ces emotions on se rejouit d'aller dans la jungle amazonienne, au chaud et a 350 m d'altitude, voila qui devrait nous remettre sur pied.